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Dès que l’ordinateur l’eut prévenu que son patron était de retour à la base, Vincent McLeod quitta les Laboratoires pour aller lui parler de ses étranges découvertes. Il vit tout de suite sur son visage que Cédric n’était pas dans son assiette, mais jugea que sa trouvaille était trop importante pour faire demi-tour.

— Tu me sembles angoissé, Vincent, remarqua tout de suite le directeur.

— J’ai de bonnes raisons de l’être.

Le savant lui tendit un rapport de quelques feuilles. Intrigué, Cédric n’en fit qu’une bouchée.

— C’est troublant, en effet. Mais, à mon avis, tous ces mots sont des morceaux d’un casse-tête. Ils ne voudront rien dire tant que tu n’auras pas trouvé la vraie clé du code.

— J’avais peur que tu me répondes de cette manière.

— Parce que la recherche de cette clé pourrait t’obliger à quitter la base ?

— Je vais évidemment tenter tout ce que je peux à l’aide de l’ordinateur, mais il se pourrait que j’en arrive là.

— Nous traverserons le pont lorsque nous y serons, Vincent. Moi, j’ai confiance en tes talents d’informaticien.

— Avant que je retourne décrypter la Bible, dis-moi pourquoi la présence des mots « prince de sang » et « grande incertitude » à côté de ton nom ne te cause pas une grande détresse.

— Parce que je ne sais pas à quoi ils riment. Peut-être que lorsque tu en découvriras le contexte, j’aurai de bonnes raisons de paniquer. Pour l’instant, il est de mon devoir de dirigeant de l’ANGE de garder mon sang-froid.

— Je t’admire beaucoup, Cédric, parce que moi, j’ai la trouille.

— En fait, je préfère seulement attendre de voir mon adversaire avant d’être effrayé.

— Parce que ça t’arrive ?

— Comme tout le monde. Je ne suis pas à l’abri de la peur. J’ai seulement appris à la repousser jusqu’à la dernière seconde.

Vincent poussa un soupir de découragement.

— Te connaissant, poursuivit Cédric, tu vas sans doute t’installer à l’ordinateur et oublier de manger et de dormir.

— J’essaierai d’être raisonnable.

— Avant que tu ne partes, dis-moi pourquoi tu as effectué une recherche sur Cael Madden.

— C’était une idée de Cindy.

— Je vois…

— Elle cherche le Messie, on dirait.

— Et elle n’est pas la seule, soupira Cédric.

— Avant que je sorte, tu veux me dire ce qui te tracasse ?

— C’est mon retour à Montréal, je crois. J’ai perdu tous mes agents.

— Pas moi.

— Ton statut est celui d’un fantôme, Vincent, lui rappela le directeur. L’ANGE pourrait t’envoyer n’importe où dans le monde, et je n’aurais pas un mot à dire.

— S’ils ne me laissent pas te suivre à Montréal, je démissionnerai.

« Il est sérieux », constata Cédric avec une certaine satisfaction.

— Je le ferai savoir à madame Zachariah, promit-il.

— Merci.

Vincent retourna aux Laboratoires en essayant de se persuader que son patron avait raison et que les mots qu’il avait extraits de la Bible n’étaient que des morceaux épars d’un bien plus grand ouvrage. S’il y avait dans ce texte des bribes de phrases en langue moderne, alors il existait certainement une façon de le traduire dans son ensemble. Toute la journée, il appliqua toutes les formules mathématiques qu’il connaissait sur les codes sources du programme original. C’est alors que des paroles de Yannick lui revinrent en mémoire. Tu auras beau chercher tant que tu voudras sur Internet, les vraies réponses se trouveront toujours dans les livres. Il fonça vers la salle de Formation, où se dressait une bibliothèque. Il en parcourut tous les titres sans trouver ce qu’il cherchait.

— Ordinateur, j’ai besoin d’une Bible, demanda-t-il.

— TOUTES LES VERSIONS DE LA BIBLE SONT DISPONIBLES A PARTIR DE N'IMPORTE QUEL POSTE DE TRAVAIL, MONSIEUR MCLEOD.

— Je ne veux pas d’un document électronique. Je cherche une vraie Bible en papier.

— PERSONNE N'A PROGRAMME CETTE INFORMATION DANS NOS BASES DE DONNEES.

Comme le voulait le protocole de l’ANGE, dès qu’un agent adressait à l’ordinateur une requête à laquelle il lui était impossible de répondre, le directeur de la base en question en était immédiatement avisé. Alors, quelques minutes plus tard, Cédric entra dans les Laboratoires et tendit un gros livre à son jeune savant.

— C’est ce que tu cherches ?

Vincent feuilleta rapidement l’ouvrage aux pages jaunies.

— Grâce à toi, je n’aurai pas besoin de sortir d’ici pour en acheter une.

— Tu aurais pourtant intérêt à prendre l’air, Vincent.

— Pas avant d’avoir élucidé ce mystère.

— Des chercheurs ont passé des années là-dessus.

— Alors, je terminerai ce travail à Montréal.

« Il est aussi obsédé que moi lorsque j’ai une idée en tête », observa Cédric. Voyant que le jeune savant s’était déjà plongé dans le vieux livre, il quitta la vaste salle en douce. En réintégrant son bureau, il ordonna cependant à l’ordinateur central de surveiller de près son agent prodige.

Vincent ne savait pas exactement ce qu’il cherchait. Tout ce qu’il savait des textes sacrés, il l’avait entendu de la bouche de Yannick. C’était en fait la première fois qu’il ouvrait la Bible. Il commença par la feuilleter au hasard. Peut-être les malachims en profiteraient-ils pour lui transmettre un nouveau message… Au bout d’un moment, il dut se rendre à l’évidence qu’il poursuivait une fausse piste. Il alla se chercher du café et constata qu’il était tard. L’équipe de jour venait de quitter la base. La nuit, Cédric ne gardait désormais sur place que des effectifs réduits. Lorsqu’il revint aux Laboratoires, il n’y avait plus personne.

En avalant son café par petites gorgées, il se tortura les méninges pour trouver une façon ingénieuse de s’attaquer à son problème. Un vent froid souleva alors ses mèches blondes. Il pivota pour voir si quelqu’un avait ouvert la porte. Un frisson d’horreur parcourut sa colonne vertébrale quand il découvrit qu’elle était bien fermée. Un léger crépitement le fit sursauter. Il se tourna vers sa table de travail. Les pages de la Bible s’étaient mises à tourner, comme mues par une main invisible.

— Vincent, calme-toi, murmura le savant, de plus en plus pâle.

Le phénomène cessa au bout de quelques secondes. S’efforçant de respirer le plus normalement possible, le jeune savant avança la main vers le livre. Un rayon aveuglant s’en échappa à la verticale. Vincent en fut si surpris qu’il se projeta lui-même sur le sol avec sa chaise et en perdit presque ses lunettes. Il se redressa sur ses coudes et assista à une scène sortie tout droit d’un film de science-fiction. Au lieu de s’estomper, la lumière continuait de sortir du milieu de l’ouvrage en s’agrandissant comme un entonnoir et formait un cercle au plafond.

« Pourquoi l’ordinateur ne donne-t-il pas l’alerte ? s’énerva Vincent. Est-ce que je suis le seul à voir ce faisceau qui ne devrait pas être là ? » Il se demanda s’il ne s’était pas endormi sur son clavier. Tout ceci n’était peut-être qu’un rêve… Rassemblant son courage, il se releva et s’approcha de la table. Un être, dont il ne vit d’abord que le contour, apparut dans la lumière.

— Pas un autre démon, s’effraya Vincent.

Il tourna les talons avec l’intention de quitter les Laboratoires et de ne plus jamais y mettre les pieds.

— Vincent, l’appela une voix d’une exquise douceur.

Le jeune savant venait de poser la main sur la poignée de la porte. Il ne fit que tourner légèrement la tête, comme s’il ne voulait qu’entrevoir la créature. Il découvrit, à son grand étonnement, qu’il ne s’agissait pas d’une entité démoniaque. Au contraire, l’homme dont on ne voyait que le torse ne pouvait pas être autre chose qu’un ange. Il ne portait aucun vêtement. Ses longs cheveux blonds balayaient ses épaules et sa poitrine, comme s’il avait été captif d’un tourbillon de vent. Dans son dos s’ouvraient deux larges ailes recouvertes de plumes blanches.

— Qui êtes-vous ? balbutia Vincent.

— Je suis Haaiah, de la Sephirah Hesed. Je suis le Tisserand du Temps.

— Vous ressemblez étrangement à un prêtre que je connais. Il s’appelle Reiyel Sinclair.

Un large sourire apparut sur le visage parfait de l’ange.

— Nous sommes tous les deux sous le commandement de l’archange Zadkiel.

— Mais lui, il n’est pas tout en lumière comme vous… Il a un corps physique comme moi.

— Nous avons tous la possibilité d’œuvrer sur ce plan ou dans l’autre.

— D’être matériels ou pas, vous voulez dire ?

— Reiyel a pour devoir de libérer les âmes du mal, des sortilèges et des ensorcellements. Mon rôle est de protéger ceux qui recherchent la vérité et la contemplation des choses divines.

— Dans ce cas, vous tombez pile.

— Je suis celui qui permet de comprendre la parole du sage. Je suis la source de vos origines, la mémoire de la nature humaine.

— Avez-vous rédigé la Bible ?

— Peu d’humains ont cette extraordinaire qualité d’aller droit au but, Vincent.

— C’est donc vous…

Le jeune savant était à la fois étonné et admiratif.

— Je suis l’infini, le passé et le futur, poursuivit Haaiah. Je suis la force du Verbe, la conscience ultime en devenir.

— Des milliers de personnes ont ouvert ce livre. Leur êtes-vous toutes apparu ?

— Tu es le deuxième, car malgré toutes leurs bonnes intentions, même les plus grands chercheurs ne savent pas toujours où chercher.

— Je travaille sur les codes secrets depuis des heures et pourtant, je m’acquitte assez facilement de ce genre de travail. Je commençais à me douter que l’auteur de ces textes n’était pas de ce monde. Mais comment avez-vous fait pour écrire un livre à l’intérieur d’un autre livre ?

— Mon esprit ne fonctionne pas comme celui des humains. Il est partout à la fois.

— Et vous connaissiez l’avenir du monde quand vous l’avez écrit, c’est cela ?

— Le temps n’existe pas pour les êtres qui habitent ma dimension. Tout se passe en même temps dans notre esprit.

— C’est fascinant…

Vincent remit sa chaise sur pied et prit place devant le bel ange lumineux.

— J’ai trouvé les noms de mes collègues dans cet ouvrage vieux de trois mille ans et, avec ces noms, des faits troublants, ce qui me porte évidemment à conclure qu’il y a tout un autre texte sous celui qu’on veut bien nous laisser lire, pas seulement quelques mots au hasard. Mais je n’arrive pas à obtenir la clé qui me permettrait de l’en extraire en entier.

— Nous savions que ce jour arriverait.

— Vous serait-il possible de me donner un petit coup de pouce ?

— Il est écrit qu’au début de la fin des temps, l’homme découvrirait enfin ses véritables origines. Toutefois, cette ultime révélation, si elle est mal utilisée, pourrait avoir de fâcheuses conséquences.

— Pour moi ou pour tout l’univers ?

— Pour tout ce qui a été créé et qui vit.

— C’est une grosse responsabilité…, se découragea Vincent. Moi, tout ce que je veux, c’est empêcher mes amis de se faire tuer.

— Et si tel était leur destin ?

Vincent baissa misérablement la tête. Qui était-il pour décider du sort du monde ?

— Reiyel me dit que je peux te faire confiance, Vincent, continua Haaiah.

Avant que l’informaticien n’ait pu ouvrir la bouche pour se déprécier, l’ange se mit à tourner sur lui-même, agitant les feuilles du livre. Puis il disparut aussi abruptement qu’il était apparu. Vincent demeura interdit un moment, se demandant s’il avait rêvé cette extraordinaire rencontre. Il avança prudemment sa main vers la Bible et la toucha du bout des doigts. Elle n’était pas chaude comme il s’y attendait. Il s’approcha donc de la table de travail avec l’intention de la refermer, lorsqu’il vit qu’elle n’était plus écrite de la même façon ! Le texte était manuscrit !

— Mais comment…, balbutia Vincent.

Il vérifia un peu partout dans l’ouvrage : à la fin, au début, au milieu. Tout y était écrit à la main et en français, de surcroît ! Il revint à la première page et se mit à lire, écarquillant de plus en plus, les yeux. L’auteur ne s’exprimait plus en allégories ou en paraboles. En fait, il ne pouvait pas être plus clair.

Vincent n’était pas pratiquant, mais il connaissait les grandes lignes de sa religion. La traduction les reprenait une à une, mais avec des éclaircissements supplémentaires. La création du monde ne s’était pas produite en quelques jours, mais en quelques milliards d’années. Adam et Ève avaient bel et bien existé, mais ils avaient été fabriqués dans des éprouvettes et ensemencés sur la Terre. « Je savais bien que nous ne pouvions pas descendre du singe », songea le jeune savant, soulagé.

Les communications entre le Ciel et les hommes mentionnées dans l’Ancien Testament avaient bel et bien eu lieu, sauf qu’elles avaient parfois été déformées, car elles allaient au-delà de la compréhension des gens de l’époque.

— MONSIEUR MCLEOD, SI VOUS NE QUITTEZ PAS VOTRE POSTE DE TRAVAIL DANS LES PROCHAINES MINUTES, LE COYRANT SERA COUPE DANS LES LABORATOIRES.

— Quoi ? sursauta Vincent.

— VOUS AVEZ DEPASSE LE MAXIMUM D'HEURES ALLOUEES DEVANT CET ECRAN. VOUS DEVEZ VOUS REPOSER.

— Oui, bien sûr…

Il referma le vieux livre et l’emporta avec lui. Même s’il avait acquis un appartement à quelques rues à peine de la Casa Loma, il jugea plus prudent de ne pas sortir l’ouvrage de la base. Il alla donc s’allonger sur le ventre dans l’une des petites chambres attenantes à la salle de Formation et poursuivit sa lecture, oubliant complètement l’heure.

Les passages qui parlaient du prophète Jeshua le captivèrent tout particulièrement. L’auteur parlait de lui comme d’un homme intelligent, éduqué, d’une grande bonté. Jeshua avait été envoyé sur Terre pour enseigner sa science aux hommes, mais il s’était vite aperçu que la race humaine n’avait pas atteint l’évolution anticipée par son créateur. Le prophète avait tout de même laissé sa marque dans l’histoire et il avait promis de revenir, lorsque les hommes seraient enfin prêts à l’entendre.

Jeshua avait été crucifié comme le prétendait l’autre Bible, mais l’histoire de Judas était fort différente. Apparemment, le prophète avait demandé à son apôtre préféré de le livrer aux Romains, afin qu’il puisse quitter le monde terrestre sans avoir à se suicider, car le suicide était très mal vu au Ciel. Il n’avait pas été difficile pour Jeshua de revenir auprès de ses disciples au moyen de son corps de lumière qui, lui, n’était pas soumis aux lois de la physique.

Lorsqu’il arriva enfin à l’Apocalypse, il la trouva beaucoup plus claire que l’originale. Il était écrit en noir sur blanc que l’Antéchrist serait un personnage politique qui s’emparerait avec une facilité déconcertante de plusieurs pays d’Europe et du Moyen-Orient. L’auteur allait même jusqu’à le nommer par son nom !

— Ben-Adnah, lut Vincent à voix haute. Yannick avait raison…

Les trois premières années de son règne inquiéteraient le monde entier, même s’il ne commettait aucun acte répréhensible. Ce seraient surtout sa puissance et son pouvoir de persuasion qui inciteraient les autres contrées à se liguer contre lui. Le passage suivant donna la chair de poule au jeune savant.

— Environ quarante mois après son entrée sur la scène internationale, il sera tué d’un coup d’épée à la nuque, lut encore Vincent.

Il se redressa net, comprenant aussitôt qu’il serait exécuté par un Naga, sinon plusieurs. Il chercha plus loin ce qu’on disait au sujet de l’assassin, sans rien trouver. La suite des événements était si effroyable que l’auteur du document avait sans doute jugé que ce détail n’était pas vraiment important.

Satan profiterait de cette décapitation pour s’emparer du corps de l’Antéchrist. Devant des millions de personnes, tant sur les lieux que devant les écrans de télévision, il ressusciterait Ben-Adnah et établirait son nouvel empire sur la terre d’Israël, avant de l’étendre sur presque toute l’Europe. Il éliminerait également tous ceux qui s’opposeraient à lui et serait finalement responsable de la mort d’un tiers de la population de la Terre.

— Et ceux qui resteront seront à son service, comprit Vincent, horrifié.

Malgré sa grande fatigue, le jeune savant s’obligea à lire une autre page. Les phrases suivantes plantèrent un pieu dans son cœur.

La femme serpent entrera dans le lit du maître du monde avec l’intention de le tuer, mais il saura ce qu’elle était venue y faire et il la châtiera cruellement.

— Océane…

Un irrépressible sentiment de terreur s’empara de lui. Il sortit du lit en serrant le livre contre sa poitrine. Il pivota vers la porte avec l’intention d’aller montrer ces mots à Cédric, malgré l’heure, lorsqu’il heurta quelqu’un.

— Où vas-tu comme cela, Vincent ?

Il reconnut sa voix avant de voir les traits de son visiteur.

— Reiyel…

Vincent recula de quelques pas, soulagé de voir arriver la cavalerie. Le révérend Sinclair n’avait absolument pas changé depuis leur dernière rencontre. En fait, il portait les mêmes vêtements…

— J’ai ressenti ton affolement de très, très loin. Et si moi j’y suis sensible, les forces obscures le sont aussi. Il est important que tu chasses ces pensées tout de suite.

— Est-ce bien la seule raison de votre présence ici ?

— Rassure-toi, tu n’es pas possédé par un démon. Assieds-toi et fais-moi confiance.

Vincent n’avait aucune raison de se méfier de cet homme qui avait été si bon pour lui. Il fit donc ce qu’il demandait. Reiyel ne perdit pas de temps. Il posa la main sur la tête de l’informaticien. Une lumière dorée s’en échappa et enveloppa entièrement Vincent. Ce dernier ressentit d’abord une curieuse chaleur, puis un grand sentiment de réconfort.

— L’Enfer ne peut plus t’entendre, maintenant, assura Reiyel avec un large sourire.

 

Codex Angelicus
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